lundi 4 juin 2018

Ombre et Crépuscule chapitre 5

L'escalier paraissait sans fin et aucune lumière ne venait éclairer le chemin d'Ombre et Crépuscule. Alors que l'obscurité devenait insupportable, au détour d'une courbe, une lueur fragile, vacillante leur apporta un léger réconfort.
Tandis qu'un froid intense envahissait l'air et leurs poumons, leurs pieds foulèrent le sol d'un nouveau couloir, entièrement gelé.
Sur une chaise, des vêtements que Crépuscule revêtit sans tarder. Accolée au mur, une lance rouillée qu'elle saisit d'une main preste. L'arme lui sembla familière et curieusement, elle se sentit plus forte.
Les deux prisonniers passèrent leurs mains sur la paroi lisse et froide. La glace était d'une pureté parfaite et pour la première fois depuis d'innombrables années, ils contemplèrent leurs reflets.
Leur maigreur et leur visage couvert de cicatrices étaient effrayants.
Ils reprirent leur marche.
Au fur et à mesure qu'ils progressaient dans le couloir leur image se brouillait et d'autres se substituaient à leur place.
C'étaient eux qui apparaissaient sur les murs, plus gros, plus arrogant.
Ombre armé d'une épée étincelante guerroyait avec sauvagerie.
Crépuscule faisait tournoyer une lance luisante et l'abattait sur ces ennemis.
Ils se voyaient assassiner, massacrer, forniquer. La luxure à son apogée.
- Ce sont nos vies qui défilent ici?
La question d'Ombre resta un instant en suspens.
- Je crois oui, tout ca m'est familier.
- Mais qu'étions nous?
- Je crois que nous étions des dieux et tu étais mon époux. Mes souvenirs me reviennent par bribes.
Les images défilèrent, des pans de leur vie. Des femmes et des hommes se prosternaient à leurs pieds et ils les écrasaient. Des monuments s'érigeaient pour les vénérer, des guerres en leur nom détruisaient des civilisations et ils riaient.
Devant leurs yeux, s'étalaient les turpitudes de leurs vies.
- Nous avons été punis.
- Nous leur avons donné vie. Je ne me sens pas mauvais.
- Imagine toi marcher sur une fourmilière. Tu l'as piétiné parce qu'elle te gênait ou peut-être juste par jeu. C'est amusant de les voir s'enfuir en tous sens.
- Ce ne sont que des insectes!
- Met toi un instant à la place d'une fourmi.
Ombre se tut quelques secondes.
- As tu bien vu les images. Ils nous vénèraient, ils nous aimaient!
- Non ils nous craignaient.
D'autres images surgirent.
Deux naissances, des rires d'enfants, des pleurs et la mort.
Allongés sur le sol, leurs fils assassinés.
Crepuscule tomba à genoux.
Ombre resta debout et murmura
- Nos enfants. Ils les ont tués.
- Non.
Ombre se retourna vers Crépuscule.
- Nous les avons tués.
Il pointa son doigt vers sa femme.
- Tu dis n'importe quoi!!
- Non Ombre.
- Quels monstres tueraient ses propres enfants?!
- Des Dieux. Nous les avons tué car nous avions peur qu'ils prennent notre place un jour.
- Ces murs mentent!
Crépuscule ne dit rien. Les souvenirs affluaient et les larmes coulaient. Un souvenir pour une larme.
Le sang semblait se déverser sur les murs.
- Pourquoi avons nous fait ça?
Crépuscule se tut.
-Sortons d'ici.
Epouse et Epoux avancèrent.
A chaque pas, une nouvelle horreur.
A chaque pas, ils réalisaient ce qu'ils avaient été.
A chaque pas ils se méprisaient.
Puis vint le bout du tunnel.
Devant leurs yeux rouge d'effroi et de honte.
Un escalier.
Il montait.

vendredi 1 juin 2018

Ombre et Crépuscule chapitre 4


Le chapitre 4 d'Ombre et Crépuscule.
Bonne lecture! :-)

4. Offrande
Le ciel grondait et des myriades de gouttes de pluie s'apprêtaient à se déverser sur les terres sèches.
Une jeune femme s'approcha d'un gouffre, on l'appelait l'Abyme des Dieux. Elle tenait un panier contenant des fruits pourris. Elle jeta un oeil dans le trou et déversa le tout à l'intérieur.
Dans ses souvenirs, sa famille avait toujours fait ça. D'aucuns racontaient qu'il fallait nourrir la terre de peur qu'elle ne se fâche, d'autres pensaient que c'était pour les dieux. Dans tous les cas, c'était la crainte qui les guidait.
Elle crut entendre des murmures s'élever du gouffre.
Sa mère lui raconta quand elle était enfant qu'il existait un portail qui menait vers les Dieux dans les montagnes désertiques du sud.
La jeune femme demeura debout quelques minutes, écoutant attentivement les sons qui sortaient du sol puis partit.
Un jour elle irait dans les montagnes et elle trouverait ce portail.